Le compteur intelligent, porte d’entrée de la maison connectée
Annoncé de longue date, le compteur intelligent arrive enfin. Poussé par les nécessités de la transition énergétique, il devrait permettre aux consommateurs de se réapproprier leur consommation d’énergie. Et aux énergéticiens de développer de nouveaux services à valeur ajoutée.
Promu par l’Union Européenne comme l’un des outils du paquet énergie-climat, le compteur intelligent soulève des enjeux techniques, économiques, politiques et sociétaux, dont les conclusions divergentes des études coûts/bénéfices menées dans différents pays européens traduisent l’ampleur.
Sa mise en œuvre a principalement pour but l’équilibrage du réseau, l’intégration des énergies renouvelables (dont le caractère irrégulier exige une gestion plus fine) et la réduction de la consommation. Mais, localement, le contexte (la part déjà importante du renouvelable en Allemagne) ou des bénéfices connexes (la lutte contre la fraude en Italie) peuvent en varier l’intérêt. En France, où ERDF déploiera Linky à partir de fin 2015, une attention toute particulière est accordée à la question des données.
« Les données sont en effet au cœur du dispositif. En mesurant la consommation électrique globale du domicile sur un pas d’une dizaine de minutes, le compteur intelligent fournit un relevé juste et précis, et peut mettre en évidence, par exemple, la surconsommation d’un four particulièrement gourmand. »
Cette information détaillée, et les services de base du compteur intelligent – suivi et recommandations, comparaison avec le voisinage, info coupure –, vont permettre au consommateur de se réapproprier sa facture d’énergie, et de considérer ses usages ou son équipement en connaissance de cause. Suivant les pays et les contextes, il existe d’autres services à destination du consommateur final, comme le prépaiement (pour les logements de vacances, par exemple) ou l’autoconsommation.
Pour les énergéticiens, le compteur intelligent constitue une formidable opportunité de jouer pleinement leur rôle d’opérateur de marché multiface. D’une part, il va leur permettre d’associer leurs écosystèmes à la création de services. D’autre part, ils vont enfin pouvoir nouer un véritable dialogue avec leurs clients, avec lesquels ils ne sont aujourd’hui en relation seulement 9 mn par an en moyenne en Europe (et généralement pour des problèmes de facture !).
Quoiqu’assez élémentaire, l’information va leur permettre de développer un conseil personnalisé, et, peu à peu, de nouveaux services. Avec le compteur intelligent, ils entrent dans le foyer, devenant l’interlocuteur privilégié, légitime et de confiance du confort et de la sécurité, comme l’opérateur télécom est celui de la communication et du divertissement. Le compteur devient ainsi la plateforme de l’équipement, du pilotage et du support de la maison connectée.
Pour élaborer ces services, tout juste émergents, les énergéticiens vont devoir s’entourer d’un écosystème large et diversifié : assurance, grande distribution, fournisseurs d’électroménager, d’équipement de la maison et de domotique, prestataires de maintenance ou de télésurveillance, start-up innovantes… Et, pour coordonner et intégrer le tout, un partenaire technologique !