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Se déplacer autrement : comment le MaaS aide à décarboner nos transports

applications de mobility as a service (MaaS), facilitant l’accès des utilisateurs aux différents services de mobilité qui leur sont accessibles, ont le vent en poupe. Sauront-elles faire reculer la voiture individuelle ? Du paradigme de la possession à celui de l’usage, le grand virage de la mobilité de demain est amorcé, et c’est sans doute une bonne nouvelle pour la planète.

 

Apparu en Finlande dans les années 2010, le concept de MaaS commence tout juste à tracer sa route en France. Il n’est pas question d’applications comme Google Maps et Mappy qui nous ont habitués à planifier nos déplacements, mais bien d’un service de mobilité unifié permettant, outre ces aspects organisationnels essentiels, d’effectuer un paiement unique pour l’intégralité du trajet, ou encore de déverrouiller un vélo ou une trottinette en libre-service.

À l’ère post-Covid, la progression du télétravail n’a fait que renforcer la nécessité d’une telle mobilité « à la carte » et décarbonée, en particulier auprès des jeunes générations. Après plus de deux ans de crise sanitaire, celles-ci mêlent en effet plus que jamais « plaisir et conscience écologique en matière de mobilités », affirment aux Échos Isabelle Rio-Lopes, directrice du secteur mobilité chez Kantar, et Michel Georges, le représentant de Movin’On, qui ont mené plusieurs études sur la jeunesse.

Un trajet, 10 modes de transport possibles

Pour la Métropole Rouen Normandie, pionnière de la mobilité servicielle en France, l’objectif est clair : « offrir le même niveau de service que la possession d’un véhicule individuel ». Autrement dit, lutter contre l’autosolisme (le fait de voyager seul dans sa voiture) en favorisant dès que possible le report vers des alternatives moins polluantes (train, vélo, covoiturage, voitures électriques et partagées avec d'autres usagers…), tout en assurant « le dernier kilomètre », souvent maillon faible de l’intermodalité, en proposant des solutions de transport à la demande.

La clé pour inciter les utilisateurs à adopter le MaaS ? Une expérience utilisateur simple et fluide. Déployée dans plusieurs pays européens, l’application pionnière Whim lancée en 2016 par la société finlandaise MaaS Global est ainsi souvent décrite comme le « Netflix de la mobilité ». Accessible de manière ponctuelle ou sur abonnement, elle permet aux voyageurs de jongler entre une dizaine de modes de transport.

La clé pour inciter les utilisateurs à adopter le MaaS ? Une expérience utilisateur simple et fluide. Déployée dans plusieurs pays européens, l’application pionnière Whim lancée en 2016 par la société finlandaise MaaS Global est ainsi souvent décrite comme le « Netflix de la mobilité ».

L’application de MaaS développée pour la Métropole Rouen Normandie par Cityway et Atos entend pour sa part « inciter les usagers à aller d’un point A à un point B de la manière la plus écologique possible selon les critères qu’ils auront paramétrés dans l’application (combien de kilomètres suis-je prêt à faire à pied, à vélo, etc. ?) », détaille Frédéric Vissault, Responsable Intégration MaaS chez Atos. Ce type d’application donne par ailleurs une idée de la quantité de gaz à effet de serre émis (CO₂, oxydes d’azote, particules fines…), conformément à un décret publié début août imposant aux applications de guidage routier d’afficher ce type d’information et de proposer des alternatives moins polluantes. Autre élément incitatif selon Frédéric Vissault : la fidélisation des utilisateurs au travers de tarifs attractifs. « Le MaaS a aussi une vocation familiale ou au niveau de l’entreprise, expose-t-il. On pourrait imaginer un seul compte pour toute une famille sur lequel les enfants pourraient réserver leurs trajets, et pour une entreprise afin d'organiser le transport de l’ensemble des employés. » Enfin, l’inclusivité est bien évidemment prise en compte, que ce soit via l’accessibilité numérique de l’application ou les offres pour personnes à mobilité réduite disponibles.

Homme portant un jeans, une chemise et un sac à dos, en vélo dans une ville, longeant une rivière au niveau d'un pont

Une démarche citoyenne

Dans un nombre croissant de villes, l’évolution des réglementations ouvre un boulevard au MaaS. De Madrid à Munich, les voitures thermiques et/ou diesel se voient interdire l’accès au centre-ville, incitant ses usagers à se garer en bordure de la ville et à continuer leur trajet autrement – un concept aussi appelé « park and ride ».

Massifier la mobilité servicielle demandera sans doute aussi un effort de réaménagement urbain : il faudra des parkings de covoiturage, des trains et des bus capables d’accueillir des vélos, étendre le réseau de pistes cyclables, et rendre les espaces urbains plus « intelligents ». « Si on se projette un peu, le MaaS s’inscrit dans le projet de la smart city », soulève Cyrille Sauvignac, responsable du développement de la Plateforme de Territoire Intelligent chez Atos. La collecte de données des applis MaaS pourraient ainsi permettre de créer un nouvel arrêt de bus à tel endroit où la demande semble élevée, illustre-t-il avant d’aborder les enjeux de sécurité et de décongestion. « Les citoyens pourront faire remonter certaines données, à l’image d’une perturbation sur la route, complète Frédéric Vissault au sujet de l’application développée pour la métropole de Rouen. Il s’agit plus d’une démarche volontaire que d’un “tracking” des utilisateurs. »

Prise entre les flux et les rythmes de déplacement, la donnée est bien au cœur de cette mobilité 2.0 dont l’architecture repose sur l’intégration de l’ensemble des opérateurs de transport. Comme le note la Banque des Territoires, « la première condition du développement du MaaS reste l’accès et le partage des données sur l’offre de mobilité, l’infrastructure et les réseaux », qui n’est possible qu’à condition d’assurer l’interopérabilité des données. À l’image de la téléphonie mobile, des standards internationaux pourraient voir le jour afin d'étendre l’utilisation du MaaS par-delà les frontières.

Demain, l’enjeu de la massification

Pour Frédéric Vissault, c’est une certitude : « le MaaS va essaimer en France et au-delà », porté par l’urgence écologique dans laquelle nous nous trouvons. Selon la MaaS Alliance, une quarantaine de villes européennes dispose déjà de tels services. « On en trouvera aussi à l’échelle de départements et de régions », table-t-il.

C’est aussi un enjeu d’inclusivité : dans les centres urbains denses, le MaaS est plus propice que dans les zones rurales mal desservies où l’autosolisme règne bien souvent en maître par la force des choses. La marge de manœuvre y est néanmoins importante. Qu’il s’agisse de covoiturage entre particuliers (à l’image de Rezo Séniors, un service de covoiturage solidaire pour les trajets quotidiens des séniors en Picardie) ou demain peut-être des navettes autonomes (qui font déjà l’objet d’expérimentations en France), une mobilité servicielle adaptée à ces territoires commence tout juste à émerger, sortant le MaaS des seuls centres urbains. À l’heure où la crise énergétique enfle, la mobilité servicielle a plus que jamais une carte à jouer pour permettre à chacun de profiter du plein potentiel que lui offre son territoire, des métropoles aux campagnes.

En savoir plus sur la plateforme MaaS de la Métropole Rouen Normandie ici.

Publié le 7 octobre 2022

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