Un mental de fer dans un gant de boxe : rencontre avec Fatia Benmessahel
Dites à Fatia Benmessahel qu’elle ne peut pas faire quelque chose et elle vous prouvera le contraire. « Têtue », c’est le premier mot que Fatia utilise pour se décrire, elle qui est aussi ingénieure chez Atos et athlète de haut-niveau en boxe anglaise. Pour Fatia, chaque refus a été une force pour se dépasser et accomplir de grandes choses dans son éducation comme dans la compétition. Interview motivation.
Une montée tardive sur le ring
Après s’être essayée au rugby, au handball, au triathlon ou encore à l’athlétisme, c’est à l’âge de 15 ans que Fatia découvre la boxe grâce à son oncle. Vexée que les garçons de son association sportive se sentent punis lorsqu’ils sont mis face à elle, Fatia canalise sa frustration pour progresser rapidement et remporter des compétitions. Championne de France Juniors en 2016 et 2017 en moins de 60 kilos, elle devient championne d’Europe juniors en 2017 avant de passer dans la catégorie senior.
Tout au long du lycée, elle combine études et boxe jusqu’à son arrivée en classe préparatoire où on lui demande de faire un choix. On lui conseille d’opter pour l’université afin d’avoir un emploi du temps plus flexible mais là encore, son entêtement prend le dessus.
Si je suis capable de faire de grandes choses dans mon sport en étant au haut-niveau, je suis capable de faire de grandes études. »
Avec son profil scientifique, c’est finalement vers l’ESIEE – une école partenaire d’Atos – qu’elle se dirige pour continuer son double projet. En se spécialisant dans le génie industriel à savoir la conception, l’organisation et le déploiement de processus industriels et logistiques, elle se laisse l’opportunité d’évoluer dans un domaine assez vaste pour garder toutes les portes ouvertes. En alternance chez Atos depuis 2019, Fatia a signé un CDI en septembre 2022.
L’organisation comme meilleure alliée
Dans le monde du travail, Fatia applique les mêmes compétences qu’elle a développées sur le ring : l’autonomie, la rigueur ou encore l’anticipation. Pour jongler entre les entraînements, les stages, les compétitions et son travail, Fatia se plie à une organisation rodée et à une hygiène de vie qui ne laisse pas de place à l’écart.
La boxe est un sport exigeant où la diversité des profils avec lesquels on s’entraîne est une richesse. En combat, il faut être prêt à adapter sa boxe à chaque adversaire, à chaque profil, à chaque morphologie. Comme dans la gestion de projet, l’agilité et l’efficacité sont requises.
Convaincue que le sport peut faire naître des compétences transférables dans le monde professionnel, Fatia est également marraine de l’association Job’Odyssée qui favorise l’insertion professionnelle via des événements de recrutement sport-emploi.
En quête d’or olympique
Championne de France en 2021 en moins de 64 kilos, championne de France en 2022 en moins de 66 kilos, Fatia vise à présent les Jeux Européens de 2023 (21 juin – 2 juillet) pour y tenter de décrocher sa qualification aux Jeux Olympiques de Paris 2024. « Participer aux Jeux Olympiques de Paris 2024 serait l’accomplissement et l’aboutissement de tous les sacrifices et le travail de ces dernières années. »
Elle qui a déjà en tête de finir sa carrière lors de ces Jeux Olympiques rêve de la médaille d’or. Une médaille qui montrerait qu’elle a réussi à mener de front tous ses combats, qu’elle a eu raison de s’investir pour tout faire en grand. Et si médaille elle n’a pas, elle souhaite au moins inspirer les jeunes de Seine Saint-Denis, département où elle a grandi et elle vit, en leur montrant qu’il est possible de faire de grandes études et du sport à haut-niveau.
Entre boxe et ingénierie, Fatia n’a pas choisi des voies où on voit beaucoup de femmes. « J’ai l’envie de féminiser tout ce qui est masculin », a-t-elle admis. Elle le concède, rien ne se fait dans la facilité mais quand on veut, on peut. Celle qui s’engage au quotidien à casser les tabous n’est pas en manque de ressources. Ingénieure, marraine d’une association, athlète de haut-niveau, elle porte toutes ces casquettes avec fierté et détermination.
Publié le 8 mars 2023