A propos des auteurs
Stéphane Delaye
Intelligence Business Unit Manager, Atos
Yves Lequenne
Client Executive Partner
Ministère des Armées, France, Atos
Au cœur des évolutions qui impacteront la façon dont les armées conduiront les batailles de demain, accéder et tirer parti de l’infovalorisation apparaît comme une exigence incontournable pour atteindre la supériorité opérationnelle.
Elle s’envisage comme l’exploitation de la valeur ajoutée des informations à des fins d’efficacité opérationnelle, grâce aux progrès technologiques permanents, notamment dans le domaine des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC). Les enjeux sont forts sur l’intelligibilité des informations à apporter en fonction de l’interlocuteur et les conditions du terrain.
Dans le même temps, les vulnérabilités engendrées par des systèmes entièrement dépendants de la technologie, ou non souverains, sont autant de défis à relever pour garantir une avance sur l’ennemi et agir rapidement, en dépit des frictions de la guerre.
Les avantages liés à une meilleure exploitation de la donnée
Dans un contexte opérationnel de haute intensité, la donnée est considérée comme l’or noir pour obtenir l’avantage opérationnel. Il s’agit donc de tirer le meilleur parti des moyens engagés, ou à engager, en fonction de l’évolution du contexte. Mais comment identifier les données à valeurs ajoutées dans un environnement informationnel congestionné ?
L’intégration de l’infovalorisation au sein des forces doit permettre d’accroître les synergies entre les différentes fonctions opérationnelles. Ainsi, une exploitation optimale de la donnée se traduit par la transmission d’une information fiable, en temps réel, à celui qui va devoir ordonner ou conduire l’action.
A partir du renseignement, la capacité à produire de la donnée valorisée permet d’enrichir la tenue de situation sur les menaces, l’adversaire ou bien encore les modes opératoires ennemis. Cette valeur ajoutée circonstanciée permet de comprendre, décider et agir de manière efficace, en tout état de cause, et plus vite que l’adversaire.
En amont et support de la conduite de l’action, l’infovalorisation s’applique aux chaînes d’informations liées à la disponibilité opérationnelle des forces, plateformes et équipements. Des chaînes d’informations qui doivent être optimisées afin de répondre aux enjeux des missions critiques. Prenons l’exemple de la chaîne logistique : l’optimisation de la donnée est un levier majeur pour une maintenance efficace. Elle permet de prévenir les pannes et d’assurer la disponibilité des équipements et des consommables, tout en réduisant l’empreinte logistique et les coûts engendrés par la maintenance opérationnelle.
Dans cette lignée, il apparaît indispensable de dépasser le stade du stockage de la donnée pour développer des solutions visant à extraire de l’information depuis des données enrichies et pertinentes. En effet, la croissance du volume de données et les enjeux inhérents en termes d’hébergement posent inexorablement la question de la finalité de la donnée. De fait, engranger de la data doit permettre in fine de disposer d’une information actionnable, utile à la prise de décision.
L’accès à la donnée est donc un facteur décisif qui s’envisage selon un cycle complet, du recueil à la diffusion au juste échelon, en passant par l’analyse. Avec SICS, le Système d’information du combat de SCORPION, l’échange d’informations sécurisé sur le théâtre permet de partager en temps quasi réel les positions “amis” grâce au Blue Force Tracking. Sans conteste, cette information constitue une plus-value fondamentale pour disposer de la situation tactique de référence (SITACREF) et s’appuie sur une chaîne complète, de la production de la donnée, soit l’identification de la position de chacun, à la diffusion de façon sécurisée, avec le support des liaisons de données tactiques (LTD). Elle gagnera à l’avenir à être enrichie par d’autres sources et propositions de mode d’action, comme les choix d’itinéraires.
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Des enjeux essentiels pour atteindre la supériorité opérationnelle
L’intelligibilité de la donnée
Le défi d’un système de commandement est de délivrer une information utile, sous une forme immédiatement compréhensible et exploitable, en temps quasi réel, à celui qui doit conduire la manœuvre. La manière dont une donnée sera présentée est donc décisive pour la réflexion et la prise de décision qui en découle.
Acteur de bout en bout, Atos apporte un écosystème en capacité de restituer une information pertinente, synthétisée et actualisée, dans un contexte d’engorgement des bases de données et de multiplicité des capteurs de plus en plus puissants et diversifiés. A cette fin, Atos propose un accompagnement humain et personnalisé pour bâtir une infrastructure de confiance à même de déployer l’infovalorisation au sein des forces. Il se fait grâce au concours d’experts métiers pleinement intégrés à chaque étape du cycle de la data.
La souveraineté pour assurer la liberté d’action
Pour éviter toute interruption dans la chaîne de décision, la souveraineté des données doit être prise en considération. Cette notion est d’autant plus complexe dans un monde interconnecté où la notion d’indépendance est mise à mal.
Pour autant, elle conditionne la liberté d’action sur le champ de bataille : en effet, sur le théâtre, le fait qu’une entité extérieure ou un autre Etat puisse avoir le contrôle sur les données va à l’encontre de la liberté de manœuvre. Cela peut faire reposer une menace sur les forces dont les plans se voient alors connus à l’avance.
Agir dans un environnement de confiance et résilient
La maîtrise des systèmes d’informations critiques est indubitablement liée à la maîtrise de ses vulnérabilités. De fait, un système entièrement dépendant de la technologie devient fragile et projette des enjeux de sécurité et de résilience des systèmes d’information non négligeables.
Ainsi, tirer les bénéfices de l’infovalorisation implique de doter les systèmes de capacités endurcies, en mesure d’absorber les perturbations ou une attrition partielle sans que le fonctionnement global soit altéré. Maintenir la capacité de fonctionner en mode dégradé en cas de cyber-incident et préserver l’existence de savoir-faire fondamentaux indépendants des outils numériques permettront de ne pas fragiliser la cohérence d’ensemble et donc de poursuivre la manœuvre et, au besoin, relancer l’action.
Dans un contexte de combat moderne, l’infovalorisation offre donc des opportunités majeures pour les forces. Une armée en capacité d’enrichir une donnée et d’en exploiter la plus-value aura définitivement une avance sur son adversaire car elle sera en mesure d’agir plus rapidement et de façon plus agile. Pour autant, la donnée est soumise à des enjeux essentiels qu’il convient de maîtriser afin d’atteindre une réelle supériorité opérationnelle.
Atteindre l’infovalorisation passera par le décloisonnement des systèmes d’informations, étape par étape, grâce à une collaboration étroite entre les experts techniques et métiers afin d’assurer la continuité et l’intégrité des données. C’est en initiant ce processus structurel qu’une armée pourra pour bénéficier de cette valeur ajoutée, de l’aide à la prise de décision, la coordination de ses forces à la disponibilité opérationnelle de ses ressources. C’est en faisant communiquer ces trois champs d’action que les armées pourront atteindre l’infovalorisation.