Les plateformes de données au cœur de la transformation
Par Sylvie Le Guyader, Secteur Public & Défense, Global CTO, Digital platform officer
Facilitant les échanges internes et avec l’extérieur, les plateformes de données sont l’une des technologies clés de la modernisation de l’État.
Conformément à sa culture démocratique, la France a inscrit très tôt dans la loi le droit d’accès aux informations publiques (loi Cada de 1978). Elle a aussi été parmi les pionniers des données ouvertes (open data) en créant dès 2011 le portail data.gouv.fr, piloté par la mission Etalab, et en étant, en 2014, le premier pays européen à créer un poste d’administrateur général des données (AGD). Ces initiatives, renforcées par la loi pour une République numérique en 2016, permettent aujourd’hui à la France de figurer au 4e rang mondial de l’open data selon l’Open Data Index. Pourtant, comme l’a clairement souligné le rapport de la mission Bothorel, largement repris par le Premier ministre sous la forme d’une circulaire, cette avance est fragile et insuffisante au regard des enjeux actuels. L’État doit amplifier et accélérer l’ouverture de ses données pour mieux les partager au sein de ses services, entre eux, et avec les administrés.
Les objectifs de l’ouverture des données
L’ouverture des données sert trois objectifs : améliorer le fonctionnement démocratique par la transparence et la concertation ; améliorer l’efficacité de l’action publique par la connaissance et la collaboration ; contribuer à l’innovation économique, environnementale et sociale par la mise à disposition de ressources et de services numériques. La crise sanitaire a montré à quel point tout ceci n’avait rien de théorique. Il a fallu prendre et justifier des décisions cruciales en se basant sur les connaissances disponibles, tenir compte des enjeux de chacun (santé, intérieur, défense, éducation, économie…), inventer de nouveaux modes d’action et d’information associant, entre autres, des entreprises privées, et se coordonner avec les échelons européens, territoriaux et locaux.
Face à de tels enjeux, qui dépassent le périmètre d’un service ou d’un organisme donné, il est essentiel de casser les silos car chaque entité peut disposer – souvent sans le savoir – de données capitales pour les autres. S’esquisse ainsi l’image d’un État décloisonné, digitalisé, ouvert sur l’extérieur, où l’information circule de façon libre, rapide et cependant sécurisée ; ce que l’on appelle parfois l’État-plateforme.
Les atouts des plateformes de données
Ce terme de plateforme, on le retrouve dans le modèle technologique qui concrétise cette vision, la plateforme de données intelligente. Une plateforme de données intelligente est une ossature numérique qui connecte divers acteurs, systèmes et objets, et organise le partage de leurs données. Elle a trois fonctions clés : centraliser, ordonner et sécuriser les données ; mettre ces données ainsi que des ressources techniques complémentaires à la disposition des producteurs de services ; et enfin, diffuser ces services auprès des utilisateurs finaux. Selon les droits qui leur sont accordés, les membres de la plateforme peuvent être producteurs et/ou consommateurs de données et/ou de services.
Dans le contexte du secteur public, un des avantages des plateformes de données est qu’elles ne nécessitent pas de remanier les systèmes d’information existants. Il suffit de les y connecter et de les faire s’y déverser. Les données sont alors gérées de façon centralisée, ce qui en améliore la qualité, la disponibilité, l’accessibilité et le contrôle.
On peut en outre ouvrir la plateforme à des sources non gouvernementales (organismes de recherche, organisations internationales, entreprises…), et la collaboration à des partenaires de tous horizons (collectivités, organismes publics, opérateurs de transport, fournisseurs d’énergie, mutuelles…) selon les cas d’usage.
Par exemple, une plateforme de données peut permettre de fédérer les acteurs d’une filière, d’un projet ou d’un territoire, et leur donner les moyens de collaborer, de se coordonner et de faire émerger une dynamique collective dans le respect des intérêts de toutes les parties prenantes. Enfin, les plateformes peuvent elles-mêmes s’interconnecter – par exemple, entre niveau national et territorial – pour créer un continuum de la donnée et de l’action publiques du sommet de l’État jusque sur le terrain.
La standardisation est un facteur clé du succès de cette plateforme. Elle permet ainsi à chaque client et utilisateur le libre choix de son fournisseur en offrant une solution ouverte, standardisée et multi-protocole. C’est pourquoi Atos a fait le choix de s’appuyer sur des composants open source et sur des standards ouverts, comme Fiware pour les territoires intelligents ou ITS pour la mobilité. Sans cette exigence d’harmonisation, il sera très difficile de connecter les systèmes sources en amont et les applications utilisatrices en aval, et surtout de maintenir ces connecteurs dans le temps.
Gouvernance et culture, deux facteurs clés de réussite
En réalité, la technologie n’est pas le facteur prépondérant de la réussite. Avant même d’évoquer les questions de formats et d’outillage, la priorité est de poser clairement les règles, les processus et les responsabilités qui entoureront la production, la collecte, la conservation et l’exploitation des données : qui en est propriétaire ? à quelles fins et dans quelles conditions peuvent-elles être utilisées ? qui le détermine ? qui le contrôle ? comment associer les citoyens à ces réflexions ?
Pour définir, animer et faire appliquer ce cadre de gouvernance, la plateforme nécessite un chef d’orchestre, dont la neutralité sera aussi un gage de confiance pour les participants. Dans un environnement ouvert, où l’on peut parfois être amené à utiliser des données d’origine inconnue, cette notion de confiance est primordiale.
Y contribueront aussi l’équilibre de la gouvernance, la conformité (au RGPD notamment), la rigueur des mesures de sécurité (avec, par exemple, la création de cercles restreints de diffusion), et des solutions techniques comme la blockchain.
Enfin, le rapport Bothorel insiste particulièrement sur l’écueil culturel. Craindre de perdre de son influence en partageant ses données, ne pas en comprendre l’intérêt, ou encore ignorer les possibilités qui en résultent constituent dans les administrations des freins majeurs à une ouverture plus large des données. En annonçant en juillet 2021 « Atos Digital Hub », dont l’objectif principal est de servir d’accélérateur pour la conception de plateformes d’écosystèmes, Atos renforce sa capacité à accompagner les acteurs publics sur l’ensemble des dimensions de la mise en œuvre des plateformes de données pour en faire un moteur d’innovation au service des agents et des citoyens.
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