Développer l’économie grâce à la donnée
Par Philippe Bouchet, Directeur Collectivités Territoriales France, Atos
Passé le pic sanitaire de la crise, l’État fait face un double défi : restaurer la croissance et transformer l’économie. L’aide qu’il apportera aux entreprises pour qu’elles puissent se réinventer autour de la donnée sera déterminante.
Bien que le dynamisme économique d’un pays dépende avant tout de ses entreprises, l’État a un rôle capital à jouer, surtout en temps de crise. Stratège, il s’attache à faire émerger des filières d’avenir. Investisseur, il accompagne des sociétés jugées essentielles. Acheteur, il utilise le levier de la commande publique pour soutenir l’activité. Régulateur, il encadre et oriente les pratiques. Formateur, il développe les compétences dont le pays a besoin. Aménageur du territoire, il bâtit les infrastructures nécessaires à la vie économique.
Pour exercer ces prérogatives, le numérique est bien entendu devenu incontournable. Il aide l’État et ses services à mieux acheter, mieux investir, mieux éduquer. Mais le numérique offre aussi aux pouvoirs publics un nouvel axe d’action majeur au service de l’économie : la donnée.
Dans le monde digitalisé, la donnée est devenue la matière première de la performance et de l’innovation des entreprises. Elle permet de prendre des décisions plus vite et plus pertinentes face à des évolutions brutales et permanentes ; de proposer à ses clients de nouveaux produits et services personnalisés ; d’alimenter la collaboration, l’innovation et la connaissance scientifique ; de connaître et minimiser l’impact environnemental de l’activité. Indissociable des nouveaux outils de production, de l’intelligence artificielle à l’Industrie 4.0, la donnée est la clé de la croissance et des emplois de demain.
Tout ceci n’est cependant possible que si les entreprises, les chercheurs et les innovateurs disposent de données accessibles, de bonne qualité et exploitables en toute confiance. Et l’État peut grandement y contribuer.
L’État, pourvoyeur de données
En premier lieu, il peut mettre à la disposition des acteurs économiques les quantités colossales d’informations potentiellement utiles qu’il détient : données de référence, documents administratifs, statistiques publiques, relevés environnementaux, banques d’images… Ces jeux de données peuvent déjà exister ou être créés à dessein, soit en numérisant des documents papier, soit en déployant de nouveaux dispositifs de collecte (capteurs, par exemple). Sans préjuger – et encore moins juger – de l’usage qui en sera fait, l’État doit laisser les réutilisateurs libres d’exprimer leur créativité (dans la limite de conditions d’utilisation à définir). En 2019, une étude de la Commission européenne a chiffré à 28 milliards d’euros les retombées économiques déjà générées pour l’économie française par la politique d’ouverture des données publiques (open data). Toujours selon la même étude, l’accélérer permettrait d’accroître le PIB jusqu’à plus de 15 % par an d’ici 2025.
Toutefois, il ne suffit pas d’ouvrir ses données en principe. Il faut le faire de manière à ce qu’elles soient visibles, présentées dans des formats standards et aisément accessibles. De ce point de vue, les acteurs publics ont un travail important à réaliser pour mettre de l’ordre dans leurs données, créer des interfaces d’échange (API) et faire connaître ce service aux entreprises. Ils doivent aussi veiller à proposer des données de qualité. Des jeux de données trop hétérogènes, truffés de manques et d’inexactitudes, sont rapidement inexploitables, notamment par les algorithmes de machine learning.
L’État, fabricant de confiance
Enfin, l’État a un rôle important à jouer pour instaurer la confiance nécessaire à la réutilisation des données. À travers la réglementation et sa capacité à la faire respecter, il doit s’employer à faire du cyberespace un environnement sûr. En tant que participant, investisseur ou tiers garant, il peut aussi aider à l’émergence de plateformes de données souveraines dont les technologies, les règles de fonctionnement et la sécurité donneront à toutes les parties prenantes l’assurance que leurs intérêts seront protégés. Et par leur capacité à se réinventer eux-mêmes autour de la donnée, les acteurs publics peuvent montrer l’exemple et impulser la dynamique de transformation.
Au niveau des territoires aussi, la donnée dope l’économie
Le développement économique d’un territoire dépend de nombreux facteurs, mais passe principalement par le développement de l’emploi local, les taxes payées par les entreprises qui y sont installées et les dépenses des touristes durant leurs séjours. Les outils du numérique sont déjà utilisés pour le tourisme, bien que de façon hétérogène en fonction des moyens engagés par les collectivités : portails attractifs, informations multicritères, écrans d’information dans les rues, applications mobiles…
En ce qui concerne l’implantation des entreprises sur tel ou tel territoire, les données qui peuvent les aider à se décider existent – au moins partiellement – mais elles sont le plus souvent réparties sur de nombreux systèmes d’informations, voire encore sous forme papier. De même que la qualité des services aux citoyens passe par la dématérialisation accélérée de nombreux processus internes, offrir aux entreprises des informations de qualité pour faciliter leurs choix d’implantation constituerait un atout indéniable pour la collectivité.
Quoi de plus intéressant pour un chef d’entreprise que d’avoir à sa disposition, outre les informations liées aux charges locatives et aux taxes, des éléments concernant la tranquillité de ses futurs employés, leur santé (suivi des pollutions), leur bien-être (possibilités de mobilité incluant les dispositifs d’autopartage, approche culturelle et sociale…), les caractéristiques du bassin d’emploi local, les risques naturels et leur suivi…
Ces données proviennent du PLUI, de partenaires locaux (opérateurs de transport, d’énergies, partenaires santé, Pôle Emploi…), ou peuvent être fournies par des objets connectés (capteurs) et des satellites. La notion de plateforme de territoire intelligent préconisée par Atos permet de regrouper et diffuser ces données à l’échelle métropolitaine, intercommunale, départementale ou régionale.
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